(Péri)ménopause : comprendre les symptômes et leurs impacts, notamment au travail
La ménopause est une période clé dans la vie des femmes, souvent entourée de confusion. Contrairement à une idée répandue, la ménopause n’est déclarée que lorsqu’une femme a passé 12 mois sans menstruation.
Une étape naturelle encore trop méconnue
La ménopause est une période clé dans la vie des femmes, souvent entourée de confusion. Contrairement à une idée répandue, la ménopause n’est déclarée que lorsqu’une femme a passé 12 mois sans menstruation. Avant cela, on parle de préménopause (ou périménopause), une phase de transition hormonale qui se situe en moyenne autour de 47 ans, et qui précède la ménopause, généralement atteinte vers 50-51 ans.
C’est justement cette phase de préménopause qui se révèle souvent la plus difficile à vivre.
Des bouleversements hormonaux progressifs mais intenses
Durant la préménopause, les ovaires ralentissent leur activité : les ovulations deviennent irrégulières, la production de progestérone diminue, et les cycles menstruels deviennent imprévisibles.
Les règles peuvent :
- se raccourcir
- devenir plus abondantes et plus douloureuses
- disparaître pendant plusieurs mois
- puis revenir de manière rapprochée (tous les 15 jours, par exemple)
Ce déséquilibre hormonal permanent provoque une cascade de symptômes physiques et psychiques, qui ne traduisent ni maladie, ni dysfonctionnement, mais bien une étape physiologique normale de la vie.
Quels sont les symptômes fréquents ?
Près de 87 % des femmes présentent des symptômes liés à la préménopause ou à la ménopause, dont 25 % sont fortement impactées au quotidien. Ces troubles varient en intensité et en durée d’une femme à l’autre :
Symptômes physiques :
- Bouffées de chaleur (souvent intenses, remontant du bas du corps vers le visage)
- Sueurs nocturnes
- Troubles du sommeil, insomnies
- Douleurs articulaires
- Prise de poids (liée à la baisse du métabolisme)
- Baisse de libido
- Sécheresse vaginale
- Fuites urinaires ou envies impérieuses d’uriner (appelées « syndrome de la clé »)
Symptômes cognitifs et émotionnels :
- Irritabilité, hypersensibilité
- Tristesse inexpliquée, anxiété
- Brouillard mental (perte de concentration, troubles de la mémoire)
Bon à savoir : Les symptômes ont tendance à disparaître pendant les règles et à réapparaitre ensuite.
Un impact au travail encore tabou
Quelles complications possibles à long terme ?
La ménopause ne provoque pas seulement des symptômes visibles. Elle s’accompagne aussi de changements silencieux mais importants pour la santé :
1. Maladies cardiovasculaires
Les œstrogènes protègent les artères. Leur chute augmente le risque d’hypertension, infarctus ou AVC. D’où l’intérêt de traitements hormonaux protecteurs, sous conditions (cf « Quels traitements existent ? »).
2. Ostéoporose
La ménopause accélère la perte de densité osseuse, augmentant le risque de fractures (col du fémur, poignet, tassements vertébraux…). Les femmes ayant un antécédent familial d’ostéoporose ou étant fines sont plus à risque.
Comment savoir si on est ménopausée ?
Chez les femmes portant un stérilet hormonal qui supprime les règles, il est difficile de repérer l’installation de la ménopause. En pratique :
- Vers 50-51 ans, si aucun symptôme n’apparaît, on peut attendre et réaliser une prise de sang pour doser la FSH.
- Si les symptômes sont nets, le dosage peut être fait plus tôt.
La FSH (hormone folliculostimulante) permet d’estimer si la réserve ovarienne est épuisée. Toutefois, chaque cas est différent, et les retours de règles après retrait du stérilet sont parfois observés.
Quels traitements existent ?
Traitement hormonal de la ménopause (THM)
Longtemps prescrit systématiquement, le THM a été remis en question dans les années 2000 après une étude américaine alarmante. Depuis, les études françaises et européennes ont nuancé ce risque, en montrant que :
- Le surrisque de cancer du sein est très faible (ex. : 52 cas pour 1000 femmes traitées 5 ans, contre 50 sans traitement),
- Les molécules utilisées en France sont naturelles (œstrogènes et progestérone), contrairement à celles utilisées aux États-Unis dans les études initiales.
Avantages du THM :
- Amélioration de l’humeur, du sommeil, de la sécheresse vaginale
- Prévention des fractures, de l’ostéoporose
- Protection cardiovasculaire
- Bien-être général (souplesse de la peau, confort articulaire…)
Contre-indications :
- Cancer hormono-dépendant (ex. : cancer du sein)
- Antécédents d’infarctus, de phlébite, d’embolie pulmonaire
- Obésité sévère, cholestérol élevé, tabagisme important
Le traitement est adapté en fonction de chaque profil médical.
Et mis à part le THM ?
D’autres options existent :
- Phytothérapie, compléments alimentaires (pollen, safran…),
- Antidépresseurs (dans certains cas de bouffées de chaleur),
- Traitements locaux (crèmes à base d’acide hyaluronique ou d’œstrogènes),
- Rééducation périnéale pour les fuites urinaires.
Un nouveau traitement non hormonal contre les bouffées de chaleur est attendu pour 2026, promettant une alternative intéressante.
Des applications mobiles existent sur le marché pour accompagner les femmes dans cette étape.
Hygiène de vie : un levier essentiel
Activité physique
- 2 séances hebdomadaires recommandées, ou intégrer la marche rapide dans le quotidien,
- Aide à contrôler le poids, stimuler le métabolisme, renforcer les os, améliorer le sommeil.
Alimentation
- Régime méditerranéen : fruits, légumes, huile d’olive, poissons gras, peu de graisses animales,
- Calcium (produits laitiers, sardines, légumineuses, persil, eaux minérales riches en calcium),
- Vitamine D (exposition au soleil contrôlée, supplémentation si nécessaire).
Sommeil et stress
- Éviter les écrans, l’alcool, les repas lourds avant le coucher,
- Créer un rituel de sommeil apaisant,
- Activité physique = allié du sommeil.
Et le poids dans tout ça ?
La prise de poids à la ménopause est presque inévitable, avec une redistribution de la masse grasse (ventre, haut des fesses). Dès 30 ans, le poids augmente en moyenne de 500 g par an, avec une accélération après 45 ans. Il s’agit d’un ralentissement naturel du métabolisme lié à l’âge et à la baisse hormonale.
En limitant les sucres rapides, les grignotages, l’alcool, cela permet de garder un bon équilibre.
Un léger surpoids n’est pas en soi alarmant, mais un excès de graisse abdominale peut augmenter les risques cardiovasculaires.
En conclusion
La (péri)ménopause est une étape naturelle, mais souvent inconfortable, voire invalidante. Il est essentiel de :
- Mieux informer, notamment dans les environnements professionnels
- Briser les tabous autour de cette période de vie
- Proposer un accompagnement médical personnalisé
- Favoriser une hygiène de vie adaptée
Avec les bons traitements et des habitudes de vie saines, il est tout à fait possible de traverser cette période sereinement, et même de retrouver une qualité de vie optimale.